Résumé :
De nos jours, à la Nouvelle-Orléans un jeune homme a été convoqué dans l'obscurité d'une chambre d'hôtel pour écouter la plus étrange histoire qui soit. Tandis que tourne le magnétophone, son mystérieux interlocuteur raconte sa vie, sa vie de vampire. Comme l'interviewer, nous nous laissons subjuguer, fasciner et entraîner à travers les siècles dans un monde sensuel et terrifiant ou l'atroce le dispute au sublime. Véritable livre culte, premier volet des désormais incontournables Chroniques des vampires, Entretien avec un vampire renouvelle totalement l'un des mythes les plus riches et les plus ambigus du fantastique.
Mon Avis :
Me voilà un peu embarrassée de dire que j'ai du mal à savoir ce que je dois penser de ce livre. J'en ai été déçue, c'est sûr. Cependant il faut relativiser, l'ensemble n'est pas bon à jeter (oui je sais j'ose dire ça d'un classique du fantastique, brûlez-moi, je ne suis pas un vampire, ça sera rapide).
Le plaisir de la lecture aura été en fait assez inégal pour moi : j'ai vraiment accroché au début du roman qui suit l'initiation de Louis, fraîchement vampirisé par Lestat, dans leur demeure de la Nouvelle-Orléans. Cette partie est à mon sens vraiment bien narrée, on assiste à la nouvelle vie de vampire de Louis, ses doutes, sa répulsion vis à vis de Lestat le vampire cruel et insouciant, le peu d'informations que celui-ci délivre nous laisse dans l'attente de plus et nous intrigue, on ignore quasiment tout du vampirisme, de Lestat en lui-même, de ce qui va advenir par la suite, et à cette époque les hésitations et les épanchements de Louis émeuvent encore.. De plus le décor est sublimement planté, -je visualise encore les champs de Louisiane de nuit- l'ambiance est mystique, bref, la sauce prend. Les péripéties qui surviennent ne sont en soit pas palpitantes, mais la façon qu'a Anne Rice de les raconter fait qu'on accroche sans se poser de questions. Puis départ précipité du champ pour la Nouvelle-Orléans, vie nocturne, faite de victimes, de questionnements, Lestat dévoile de nouvelles facettes surprenantes de sa personnalité (ce personnage reste d'ailleurs mon préféré), et la rencontre avec Claudia. Le trio qu'ils forment par la suite fonctionne bien, on suit avec envie les émotions ressenties par Louis, ce qu'il raconte de son quotidien, ses pensées sur leur vie étrange.
Cependant la dégradation survient pour moi au moment où Louis et Claudia font cavalier seuls sans Lestat (je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler les personnes n'ayant éventuellement pas lu le livre), la partie où ils vont en Europe de l'est passe encore, l'ennui ne survient pas, bien qu'une agaçante sensation de déjà vu me titille, le côté carpate me rappelle un peu trop Dracula, mais passons, cette partie du roman ne s'éternise pas et était après tout souhaitable pour l'histoire.
C'est avec Paris que tout dégénère : certes, j'ai adoré le principe du Théâtre des Vampires, j'ai d'ailleurs été éblouie par la scène de la représentation, le lieu est plus qu'aucun autre, sublimement décrit, le personnage d'Armand est attrayant et intriguant. Cependant là où ça casse, c'est quand les atermoiements des personnages deviennent systématiques « oui je t'aime » « oh mais je te hais tant », mon dieu, à trop vouloir faire dans le mélodrame ça en devient imbuvable, j'ai trouvé qu'on s'engloutissait dans un marasme de sentiments, que mon âme assez peu romantique a somme toute plutôt mal supportée. Une crise de couple ça passe (quoique « couple » avec une enfant, même immortelle j'ai jamais trop intégré), mais ça toutes les dix pages, sans compter la torture perpétuelle de Louis sur sa nature de vampire.. Alors certes, c'est ça le « but » du roman, la recherche du pourquoi du comment, que faire quand on est immortel, comment vivre avec la culpabilité de prendre des vies, je comprend bien que vivre pour l'éternité ça doit pas être bien drôle, mais le héros se prend tellement la tête qu'il en devient plus que lourd, à part à la toute fin du livre où il durcit son caractère, je trouve Louis terriblement chiant et pas du tout sympathique au lecteur, parce que c'est franchement un lâche, un poltron, un naïf, pas capable de prendre une décision, qui obéit au doigt et à l'oeil à Claudia, la vampire-enfant, qui est elle pire qu'antipathique avec ses vieux côté larmoyants quand ça l'arrange, cruelle et hypocrite la plupart du temps. C'est bien là le problème, à partir du moment où les deux personnages principaux vous insupportent, forcément lire la suite de l'histoire devient moins plaisant. Même le style d'Anne Rice ne relève pas le niveau du livre à ce moment là, évidemment c'est magnifiquement bien écrit, mais j'ai trouvé ça parfois un peu lourd parfois, et étant donné que le livre est toujours dans la même ambiance, souffrance-nuit-tourments, forcément le style devient un peu habituel, bref, on aimerait que quelque chose change.
Certes la fin du roman est quand même marqué des retournements de situation, qui ne m'ont cependant pas bien émue vu la lassitude dans laquelle je m'étais installée. Ce qui devrait être tragique ne l'est pas tellement, certains personnages prennent plus d'importance et les choses bougent à leur façon dans l'histoire, mais il y a un sentiment de déjà vu et je reste pétrie dans mon ennui. La fin est quand même largement plus supportable, Louis s'étant trouvé un nouveau compagnon de route, à partir de là l'histoire est déjà quasiment terminée, juste le temps de retrouver Lestat une dernière fois, j'ai été surprise de son changement mais sachant que le livre d'après sera centré sur lui (d'après le titre, c'est ce qui me semble?) j'imagine qu'on aura encore un beau lot de surprise le concernant.
En fait même si ce livre m'a vers la fin passablement échoeurée (non vraiment, trop de mélodrame tue le mélodrame), il me semble que je ferai peut-être l'effort de lire la suite, parce qu'étant centrée sur la personne de Lestat je pense que ça pourrait être plus vivifiant que les complaintes incessantes de Louis. Oui, car Lestat est le seul personnage que j'ai vraiment aimé, avec son côté un peu canaille, je m'en foutiste, bref un vampire élégant et insolent, comme on les aime, d'apparence brute et peu distinguée mais en fait beaucoup plus réfléchi que ce qu'on pourrait croire, il ressent la peur, il vit, contrairement à Louis qui passe son temps à penser et regretter (oui, désolée les fans d'Entretien, je l'ai vraiment pas supporté ce gars là). Donc j'ose espérer qu'un tome futur serait plus vivant, moins larmoyant, du moins c'est principalement ce qui m'a rebutée dans celui-ci, cependant vu la tournure qu'a pris le personnage de Lestat à la fin du roman ça me paraît mal parti. J'insiste vraiment en disant que c'est lui qui m'a fait aimer le livre, j'ai aimé la fraîcheur, la violence qu'il insufflait au début du roman, j'ai exécré la mollesse qui règne quand il n'est plus là.
Sinon concernant la forme « d'entretien » que prend le roman, rien de particulier à signaler, je craignais un peu dans les débuts que le récit soit trop souvent entrecoupé des interventions du jeune homme, mais elles s'espacent au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire, et justement elles m'ont un peu manquées par la suite, vers la fin du livre il n'y en a quasiment plus, je trouve qu'elles apportaient un peu de fraîcheur et un point de vue différent sur l'histoire, une vision plus calme, mesurée, vampirique de Louis, qui apparaît moins dans l'excès à ces moments là.
Pour faire court, j'ai vraiment apprécié le début et très peu la fin, malgré des qualités que je ne saurai nier, comme la description des émotions, des lieux, des instants, qui sont talentueuses il faut le dire, mais malheureusement cela n'a pas suffit à m'envoûter. Une fois encore ça me fait bizarre de dire relativement du mal d'un classique que beaucoup de monde aime, d'autant plus que le fantastique est un genre que j'aime beaucoup, et j'attendais d'ailleurs beaucoup de ce livre au vu de sa renommée, mais il n'est vraiment pas bien passé chez moi.
Alors si vous êtes fan n'hésitez pas à me caillassez, et si vous ne l'êtes pas, j'attends vos remarques quand même ;)
Pour ma part je n'ai jamais trop apprécié Louis, et encore moi Claudia! Qu'est-ce qu'elle a pû me gonfler celle là! L'histoire en elle même est malheureusement trop répétitive comme tu le dis. Louis ne sait pas se qu'il veut.
Tuer Lestat ça l'a fait chier, être avec Claudia ça le soûle, mais quand elle se fait tuer, il joue au rebelle, alors qu'il se jettait petit à petit dans les bras d'Armand...